Pourquoi Apple ne joue pas le jeu du cloud gaming ?

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Google avec Stadia, Microsoft avec xCloud, SONY avec PSNow, Nvidia avec GeForce Now et Blade avec Shadow, vous l’aurez compris les solutions de cloud gaming ne manquent pas en cette année 2020. Des rumeurs parlent également de la venue d’Amazon dans ce secteur et c’est donc tous les GAFA qui sont et seront présents dans l’univers du « jeu à la demande ». Tous ? Et bien non ! Apple ne souhaite pas, à date, se lancer dans ce secteur, ni proposer, via son Apple Store, des applications de ce type. On va tenter de comprendre pourquoi.

Décryptage.

Apple prive ses clients de toutes les solutions de cloud gaming

Début août, Microsoft lâche une petite bombe dans l’univers du jeu à la demande : xCloud ne sera pas disponible sur iOS. Refus catégorique d’Apple. Son application, jusque ici en cours de bêta ouverte sur la plateforme Testflight est supprimée. Et l’exemple de Microsoft n’est pas un cas isolé : Stadia, lancé fin 2019, n’est à date, disponible que sur Android. Idem pour la solution de Nvidia.

Pourtant, le jeu à la demande est, pour certains, l’avenir du jeux vidéo. Avec l’avènement de la 5G et le déploiement du haut débit désormais plus accessible, c’est aujourd’hui la promesse de jouer n’importe où et sur n’importe quel appareil. Mais alors pourquoi Apple prive l’ensemble de ses clients à ce type de service, au risque de devenir impopulaire et de faire fuir une partie de sa clientèle gamer ? Alerte spoiler : pour une histoire de gros sous bien sûr. 

Apple se lance dans le casual game avec Apple Arcade

Apple et le jeu vidéo, ce n’est vraiment pas une histoire d’amour. Les cartes graphiques qui équipent les différents MacBook Pro ou iMac ne permettent pas de jouer confortablement à des jeux vidéo d’envergures alors que sur des machines concurrentes, et à des tarifs même inférieurs, cela ne pose aucun problème. On n’achète pas un Mac pour jouer ; cela est bien connu. Apple a toujours eu du mal avec les jeux vidéo mais du côté de chez Cuppertino on n’est tout de même pas aveugle et on reste conscient de la demande énorme de ce marché.

« Selon une récente étude du cabinet spécialisé NewZoo (relayée par Venture Beat), le nombre de joueurs dans le monde pourrait atteindre les trois milliards d’ici 2023. Ces chiffres colossaux laissent entendre que, d’ici là, 39 % de la population mondiale jouera à des jeux-vidéo. C’est loin d’être étonnant quand on sait que 2,69 milliards de personnes jouent en 2020. Parmi les outils privilégiés des joueurs, on retrouve le smartphone en première position avec 2,5 milliards de joueurs. »

NewZoo

Et Apple a donc lancé son offre de jeux vidéo il y a un an intitulée Apple Arcade. Un abonnement mensuel (4,99€) qui donne accès à un catalogue de jeux mobiles plutôt « casu » ou à des titres de développeurs indépendants. Alors oui pour certains le jeu mobile ce n’est pas du « vrai » jeu vidéo mais il a la cote, qui n’en déplaise aux joueurs PC et consoles. C’est un secteur qui rapporte des milliards de dollars.

Apple Arcade est donc un service destiné avant tout aux familles et propose donc des jeux dans ce sens. Des titres rapides, addictifs, colorés et jouables via de courte session de jeu. Le service est compatible avec l’ensemble des produits du catalogue d’Apple (iPhone, iPad et Mac), en téléchargeant le jeu directement dans son appareil. L’utilisateur peut y jouer au tactile, au clavier ou à la manette et permet donc de retrouver sa partie quelque soit le device de la marque de la pomme utilisé. Apple a fait le choix de proposer un service où la contrainte du cloud gaming (la dépendance au débit de l’utilisateur) n’a pas sa place. Mais selon Bloomberg, Apple Arcade a du mal à garder ses abonnés avec un premier bilan plutôt mitigé.

Apple veut contrôler le hardware et le software de ses clients

Apple Arcade est-il la raison de cette politique si drastique envers les solutions de cloud gaming sur l’Apple Store ? Officiellement non. Apple explique cette situation par le fait que l’entreprise n’a aucun contrôle sur le catalogue des jeux proposés, ni sur les conditions de la partie (vu que le jeu est streamé sur l’appareil de l’utilisateur, sa connexion réseau est un facteur primordial au bon déroulement de sa partie). Apple ne peut alors garantir une expérience utilisateur optimale. Et on le sait, c’est la marque de fabrique de l’entreprise. Et entre nous, si le grand public joue à Cyberpunk 2077 dans le métro avec une 4G bien instable, on ne va pas se le cacher ca va être sacrément dégueulasse. Et la faute risque d’être rejetée, à tord naturellement, sur l’appareil utilisé. Et Apple ne veut pas prendre ce risque !

Par contre, ce qui ne tient pas la route sur les raisons évoquées par Apple, c’est qu’aujourd’hui l’entreprise ne contrôle pas les séries ou les films présents sur Netflix. Ou sur Amazon Prime. Ou l’ensemble du catalogue musical de Spotify. Pourtant, ces trois applications sont par exemple présentes dans l’Apple Store. La philosophie est pourtant identique. Un abonnement mensuel qui donne accès à un catalogue de contenus. Mais là aussi Apple a une excuse toute trouvée et rétorque sur le fait que les jeux vidéos c’est du contenu interactif et que dans ce cas bien précis, l’entreprise se doit de vérifier et valider chaque jeu.

Véritablement, il y a une grosse question d’argent derrière qui va bien au delà du simple investissement (important ne nous leurrons pas) réalisé sur Apple Arcade. Alors oui, je vais surement me faire l’avocat du Diable mais l’excuse de l’expérience utilisateur, personnellement j’y crois un peu. En fonction de votre débit, la qualité de votre partie en sera grandement impactée. Mais la nuance est ailleurs. Apple, ce n’est pas que du software, c’est aussi du hardware.

Et le cloud gaming, lui, il se fou royalement du matériel utilisé. Peu importe que cela soit sur un iPhone 6 ou un iPhone 11. Le résultat sera quasiment le même à l’écran. C’est une technologie qui ne demande aucune ressource matérielle de l’appareil utilisé. Pour schématiser, c’est comme regarder une vidéo sur Youtube. Et c’est bien là le problème. Le cloud gaming peut être synonyme d’une baisse du renouvellement matériel de la part des consommateurs et donc d’une diminution des ventes. Aujourd’hui, on peut jouer sans souci à des jeux vidéos « AAA » avec sa PlayStation 4 acheté en 2013. Apple ne veut pas (et fera de tout façon en sorte) que vous renouvelez votre iPhone bien avant. L’entreprise ne renouvelle pas sa gamme chaque année pour faire joli. C’est tout un business model qui est en jeu.

Et si Apple travaillait sur sa propre solution en secret ?

On peut également se poser la question qu’Apple, à l’instar finalement de Google il y a un an, prépare en secret SA propre solution de cloud gaming. Apple souhaite donc ralentir la concurrence sur son écosystème afin de combler, pourquoi pas, un éventuel retard de leur part. Je ne vous cache pas que j’ai du mal à y croire pour une raison assez simple. Avec l’explosion de ces services avec abonnement, les utilisateurs ne peuvent et pourront s’abonner à tout. Rentre alors en compte l’argument numéro un : les exclusivités. Ce sont les exclusivités qui vous feront aller plutôt à tel ou tel service. Si Apple se lance avec sa propre solution de cloud gaming, il lui faudra donc des jeux exclusifs, par conséquent des studios de développement pour les créer et de nombreuses années de travail. Prenons l’exemple de Google avec Stadia qui, à date, est un véritable échec. Le fait de ne proposer aucune réelle exclusivité malgré une technologie qui, elle, fonctionne, fait que le service est complètement boudé par les joueurs.

Google a pourtant investi fortement dans le rachat et la création de studios, dans le recrutement d’experts dans le milieu du jeux vidéo mais tout cela demande du temps et Stadia s’est finalement peut-être lancé trop rapidement malgré ses belles promesses. Apple ne veut pas reproduire les erreurs de Google et préfère rester dans le casual game bien plus rémunérateur.

Shadow PC, l’exception (pour le moment) à la Française

Quoi qu’il en soit, si vous souhaitez vous lancer dans le cloud gaming, je vous conseille de porter votre choix sur la solution française Shadow. Il y a néanmoins une petite nuance, on parle ici de Cloud Computing et non de cloud gaming. Et c’est pour cette raison que Shadow est encore disponible sur iOS.

Ce service vous propose un accès à un PC complet tournant sur Windows directement dans le cloud, doté de composants dédiés au gaming. Vous pouvez donc jouer, mais aussi l’utiliser comme un véritable ordinateur : bureautique, montage vidéo, navigation web,.. J’utilise personnellement ce service au quotidien qui, et ce n’est que mon avis, est la meilleure du marché, tant sur la fiabilité que sur les différents paramètres possibles : gestion de la résolution, du nombre d’images par seconde, des manettes,… Blade a une sacré longueur d’avance sur la concurrence et cela doit faire bien des jaloux.

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